Ma scène préférée de la série Blacklist, que j’aime beaucoup. Dans un épisode nébuleux et métaphorique où Reddington, le mafieux protagoniste, se perd au bord de l’océan après la mort de la personne qui compte le plus au monde pour lui, il croise le chemin d’une jeune femme qui tente de se noyer pour mettre fin à ses jours. S’ensuit cet échange, que j’ai traduit plus bas :
– Je ne pars pas sans vous.
– Si, vous partez.
– Non, je ne pars pas.
– Ces hommes en ont après moi, c’est mon problème, pas le vôtre.
– C’est devenu mon problème à la minute où vous avez choisi de rentrer dans l’eau.
– Je ne vous ai pas demandé de l’aide. Laissez-moi.
– Non.
– Pourquoi non ? Quelle différence ça peut bien vous faire ?
– Avez-vous déjà vu les suites d’un attentat-suicide ?
– On perd du temps.
– Moi oui. 29 Juin 2003. J’avais rendez-vous avec deux associés au restaurant Maroush à Tel-Aviv. Alors que je sortais de ma voiture, un palestinien de 20 ans nommé Kazi Safar est entré dans le restaurant et a détonné sa veste d’explosifs C4.
– Laissez-moi.
– Le choc m’a mis au sol, m’a explosé les tympans. Je n’entendais plus rien, la fumée… C’était comme être sous l’eau. Je suis rentré dans le restaurant… Un cauchemar. Du sang… Des bouts de gens… Vous pouviez deviner où se tenait Safar quand la veste a explosé. C’était comme… Un cercle de mort parfait… Il ne restait pratiquement plus rien des personnes les plus proches de lui. Dix-sept morts, quarante-six blessés, explosés en morceaux. Le plus proche ils étaient de l’homme, le plus horriblement atteints.
– Stop…
– C’est chaque suicide. Chaque suicide. Un acte de terreur perpétré contre chaque personne à vous avoir jamais connu, contre chaque personne à vous avoir jamais aimé. Les personnes les plus proches de vous, ceux qui vous aiment, sont ceux qui souffrent le plus difficilement, ceux qui prennent le plus de dégâts. Pourquoi feriez-vous ça ? Pourquoi feriez-vous ça aux gens qui vous aiment ?
– …Je n’ai pas le choix…
– Il y a toujours le choix.
Les Abrités 